lundi 28 septembre 2009

Semaine de la culture ?

Bien des fois je me demande ce qui reste de culturel à la semaine de la culture. Boutade encore une fois ! Pas tellement si on écoute les voies qui s’élèvent sur la question trop peu débattue de l’ « industrie culturelle » et la « culture ».

La marchandisation des biens culturels a été décriée une des premières fois par les théoriciens de Francfort dans les années 30 et 40. Dans un texte écrit en exil Theodor W. Adorno et Max Horkheimer notaient que l’industrie culturelle montante n’était pas autre chose qu’une « idéologie thérapeutique ».

Paroles perdues dans l’exil américain d’intellectuels allemands dépassés ? Que non! Au même moment se développe une pensée purement américaine qui marque aussi cette époque : celle de la « fabrique du consentement » de Walter Lippman et dans une autre mesure d’ Edward Bernays . Rarement fait-on un lien entre ces deux théories, pourtant l’une et l’autre se complètent au point qu’il serait très intéressant de pousser plus loin ces deux approches dans une comparaison de ces dernières.


Ce travail permet assez rapidement de voir apparaître un premier cadre d’interprétation du contrôle des populations par un triple phénomène de mise au pas des populations avec les outils de la « fabrique du consentement », par une critique des objectifs de l’industrie culturelle et, s’ajoutent à ces dernières, le consumérisme résultat de l’implantation du fordisme.

D'ailleurs, il est observable par tout le monde la place que prend cette semaine dans la commercialisation de la culture de masse. Le Ministère de la Culture du Québec et le ministère de l’Éducation, du Loisir et du Sport du Québec prennent d’ailleurs une part non négligeable dans cette semaine, ce qui est normal. Par contre, il est intéressant que les subventions disponibles interdisent l’achat et l’implantation de biens culturels ou de moyens pour donner au milieu scolaire une structure permanente de production et de diffusion de la culture. Payer l’autobus pour allez voir un spectacle ou pour la visite d’un musée est possible, équiper l’école d’une bibliothèque digne de ce nom est impossible. On nous dira que d’autres subventions visent le développement d’infrastructures culturelles, mais on est loin du compte. Inviter un auteur c’est bien, pouvoir rendre disponible l’œuvre de l’auteur d’une manière permanente dans une bibliothèque serait mieux.

En somme, cette semaine ressemble davantage à une semaine de déploiement de l’industrie, via des subventions indirectes aux marchands, qu’un travail de conscientisation de ce qu’est la culture, du rôle de la création dans une société et du faire-valoir ce cette création auprès de jeunes et de la population en général.